CONTRE LA PRIVATISATION DE LA PETITE ENFANCE : NOUS NE LÂCHERONS RIEN !

Publié le par Section syndicale people and Baby

Tract diffé à la manifestation de "Pas de bébés à la consigne !" le 29 mai 2010


P&B occupsiege28052010 2Depuis plusieurs années, la casse du service public d'accueil des jeunes enfants
s'accélère. Les réformes et décrets ne visent qu'à améliorer la “productivité” des
établissements aux dépens de la qualité d'accueil et des conditions de travail des
salariés.   Depuis   le   27   mai,   suite   à   leur   licenciement,   des   salariées   d'une   crèche
privatisée occupent le siège de l'entreprise gestionnaire : People and Baby.


Démantèlement du service public

Parallèlement à ces politiques, c'est tout l'univers de la petite enfance qui est attaqué. Suite aux fermetures de classes en école maternelle découlant des dizaines de milliers de suppressions de postes depuis dix ans, des enfants se retrouvent chaque année sans lieux d'accueil à la rentrée.

Concrètement, afin de subvenir aux besoins d'accueil des enfants, l'État, plutôt que de choisir de développer les capacités d'accueil en augmentant le personnel, diminuant le temps de travail pour favoriser la qualité du service ou favorisant l'accès à la formation, choisit la politique la plus destructrice :

- l'augmentation de la capacité d'accueil des assistantes maternelles de 3 à 4 enfants, donc plus de charge pour le personnel et moins d'attention pour les enfants ;

- même logique dans la création de regroupements d'assistantes maternelles pouvant accueillir jusqu'à 16 enfants sans règle collective de fonctionnement ;

- la création expérimentale de 8000 places de jardin d'éveil d'ici 2012 pour les enfants de 2 à 3 ans, prévoyant un taux d'encadrement d'un adulte pour 8 à 12 enfants au lieu d’un pour 8 enfants en âge de marcher actuellement pratiqué dans les crèches.

 

Business is business...

Et au-delà de ce projet, l'objectif est d'élargir toujours plus le marché aux entreprises privées, dont la finalité est, loin de l'épanouissement des enfants, de réaliser des profits sur le dos des salariés sous-payés et précarisés. Car, contrairement à une association loi 1901 ou à un service public, une entreprise privée est bien à but lucratif. Par ailleurs, par le biais des subventions de la CAF ou des conseils généraux, c'est encore une fois l'argent public qui sert à alimenter les profits des entreprises privées.

Un exemple illustre très bien cette politique de privatisation de la petite enfance, celui de la société People and Baby : créée en 2004, cette entreprise n'a cessé depuis de se développer en reprenant des crèches associatives ou municipales, ou en créant des crèches d'entreprise, elle compte à ce jour plus de 1000 salariés en France et accueille individuellement chaque jour plus de 3500 enfants.


Droit du travail ? Connais pas !

En théorie, tout semble parfait, mais... Certainement conscient que le droit du travail est appliqué de manière plutôt approximative dans sa boîte et que ses pratiques managériales entraînent du mal-être et de la souffrance, l'apparition d'une section CNT n’a pas paru de bon augure au PDG.

Alors, quand des salariées syndiquées décident, le 1er mars 2010, de se mettre en grève pour défendre leurs conditions de travail, ce PDG, Mr Durieux, se fâche tout rouge : mise à pied conservatoire collective ! Le motif ? Pas très clair : un coup les horaires, le lendemain l'hygiène et l'insubordination. Étrangement, aucun reproche ne leur avait été fait avant cette grève. Leurs entretiens annuels d'évaluation de janvier certifient même qu'elles respectent les normes d'hygiène et de sécurité. L'inspection du travail et la médecine du travail sont également intervenues plusieurs fois pour contester la décision de Mr Durieux : rien n'y fait !

Alors, il vire trois des salariées, réintègre la représentante syndicale parce qu'il n'a pas le choix, et mute de force la dernière dans une autre crèche...


Trois mois de lutte...

Depuis presque trois mois, les cinq salariées sont donc en lutte pour obtenir la réintégration de l’ensemble des salariées à la halte-garderie Jean Giono. Grâce au soutien de salariés de la société, de parents, de syndicalistes de la CNT, de la CGT, de SUD, des Conti ou du STC, de militants politiques et d’associations (PCF, NPA, Parti de gauche, etc.), ou de voisins. Grâce aux centaines de signataires des pétitions. Grâce aux nombreuses manifestations et rassemblements organisés (mairie du 13e, hôtel de ville de Paris, siège social de l’entreprise, etc.). Grâce à la popularisation de cette lutte à travers le blog (http://peopleandbaby-enlutte.over-blog.com) et les articles de presse (Le Canard enchaîné, Le Parisien, Politis, L’Humanité, CQFD, etc.). Grâce à la solidarité exprimée lors de manifestation “Pas de bébés à la consigne”, où nos collègues du privé comme du public nous ont apporté à maintes reprises leur soutien. Grâce à toutes ces actions, la réintégration d’une salariée à la halte-garderie Giono a été obtenue, et une clause sociale sera intégrée dans les contrats de sous-traitance de la mairie de Paris, suite à un vote du Conseil de Paris du 11 mai dernier. Mais ce n’est pas encore assez !


Et c'est pas fini !

Le 27 mai au matin, avait lieu la conciliation aux prud’hommes (le syndicat a lancé une procédure en nullité des licenciement et demande de réintégration). Encore une fois, Mr Durieux a refusé tout dialogue, ne daignant même pas se déplacer. Il préfère les coups bas : mensonges, tentatives d’intimidation, non-respect du droit du travail, etc.


Face à ce refus clair de la direction d’engager toute discussion, les salariés et leur syndicat ont décidé d’occuper le siège une nouvelle fois. Ce samedi 29 mai 2010, l'occupation est toujours en cours. La lutte continue et continuera tant que la réintégration de toutes les salariées n’aura pas été obtenue.


Parce que se syndiquer et faire grève est un droit, parce qu’on ne peut laisser briser ainsi le service public de la petite enfance, notamment en le confiant à des financiers sans scrupules ; nous ne lâcherons rien !

Aujourd'hui, People and Baby brigue de nouveaux marchés dans de nombreuses municipalités. Nous devons arrêter cette privatisation rampante de la petite enfance et défendre la liberté syndicale et les conditions de travail dans ces entreprises privées. Car pour les entreprises privées à but lucratif du type People and Baby, peu importe l'équipe et son projet pédagogique et le bien-être des enfants. Si les salariées s'expriment, elles dégagent ! Peu importe l'avis des parents, tant qu'ils payent.


Il est nécessaire aujourd'hui de nous mobiliser pour faire échec aux politiques mises en œuvre par les gouvernements successifs. Une nouvelle fois, ce n'est pas la qualité du service public et les conditions de travail des personnels qui sont défendues mais la seule volonté de rentabiliser le secteur.


Cette politique s'attaquant aux crèches comme aux écoles, il nous semble indispensable de nous organiser conjointement entre parents, professionnels de la petite enfance et enseignants.


Exigeons des mairies qu'elles remettent en cause leur contrat ou projet de contrat avec People and Baby, tant que les salariées ne seront pas réintégrées dans la halte-garderie et leurs droits respectés. Organisons-nous pour stopper les attaques contre le service public de la petite enfance et refuser le décret Morano.


UN COUP CONTRE L'UN D'ENTRE NOUS EST UN COUP CONTRE TOUS !


Venez soutenir les salariées de People and Baby dans leur occupation du siège de l'entreprise au 16 avenue Hoche, Paris 8e (Métro Charles de Gaulle Etoile ou Ternes)

 

Publié dans Tracts

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